\\ JPEGMAFIA x Danny Brown – SCARING THE HOES [AWAL Recordings]
24.03.23
La plus haute marche de notre podium de l’année passée avait été squattée par une collaboration inédite qui avait donc généré un disque magnifique, le Cheat Codes de Danger Mouse & Black Thought, la 1ère place de cette année 2023 est occupée par une autre association tout aussi inédite et tout aussi détonante, à la différence près qu’ici le terme détonant s’applique également au sens propre puisqu’il s’agit du croisement de deux des enfants les plus terribles du hip-hop de notre époque.
Deux phénomènes hors-normes qui ont pris l’habitude de s’imposer chacun de leur côté comme les plus parfaites illustrations de l’aversion du conformisme et des conventions, deux spécialistes du hip-hop tout terrain, voire complètement hors-champ, qui s’accouplent ici pour la 1ère fois en long format. Et le résultat (?)…est donc à la hauteur de l’addition de ces deux électrons déjà en constante fusion : un disque frontal et sans concession, insolent et dense, qui repousse en permanence les limites du genre, un feu d’artifice funky et lo-fi bourré de petits détails et de jolis dérapages qui rendent l’ensemble aussi drôle et irrévérencieux que risqué et talentueux, on a même parfois l’impression que c’est la 1ère fois que nous entendons ce genre d’agression, comme un coup de taser dans ton système de son et un gros hug à tes convictions.
Un gros hug également à cette pensée qui veut que la créativité soit boostée quand elle rencontre des contraintes auxquelles elle doit faire face, puisque JPEG est revenu 20 ans en arrière pour concocter les pistes sur lesquelles il souhaitait que son « favorite rapper » éructe à ses côtés. Il s’est ainsi imposé de composer l’ensemble de l’album avec le SP-404, le populaire échantillonneur qui fît certains beaux jours du hip-hop au début du siècle et par lequel de grands noms du domaine sont déjà passés. On ne peut évidemment pas savoir à quel point l’idée a pu favoriser le terrain tant la folie du binôme, à laquelle nous sommes déjà habitués en format individuel, n’a jamais semblé nécessiter le moindre élan créatif supplémentaire. En revanche, nous savons désormais que le résultat de ce que l’on peut considérer comme une « practice session » (dixit JPEG, pratique qui aura néanmoins duré presque une année) s’avère être le disque le plus brillant et percutant de l’année, la combinaison réussie de deux des plus beaux équilibristes du chaos sonique de notre époque qui continuent ainsi de faire évoluer leur art en totale liberté et du même acte le genre qui lui est lié, autant d’aspects qui en font incontestablement la bombe de l’année.
Pièces de choix : Scaring the Hoes / God Loves You / Garbage Pale Kids / Run the Jewels / Burfict!
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\\ Danger Mouse & Black Thought – Cheat Codes [BMG]
12.08.22
Le tant attendu retour au hip-hop de ce producteur de génie qui avait commencé à marquer le genre & les esprits il y a bientôt 2 décennies avec un de ses premiers faits d’armes, probablement le meilleur moment de toute l’histoire du mashup, son Grey Album, qui faisait s’accoupler le Black Album de Jay-Z & le White Album des Beatles. Depuis les chemins ont été multiples, l’histoire exceptionnelle, & la discographie générée pavée de petits joyaux.
Se tenter une traversée de la dite discographie peut être un exercice un brin conséquent, mais il ne me semblait pas accessoire de se remémorer pour les un.es, ou de mesurer pour les autres, le cheminement de cet homme de l’ombre aussi discret & versatile que talentueux & essentiel. Versant hip-hop donc d’abord, avec en tête de peloton sa légendaire collaboration en format long avec le regretté MF DOOM, précédée & suivie de son album avec Jemini & de productions éparses pour Busdriver, Prince Po ou plus récemment A$AP Rocky & Run The Jewels. Versant plus hybride ensuite, avec d’entrée de jeu la mise en son du Demon Days de Gorillaz, puis juste derrière son duo avec Cee-Lo, Gnarls Barkley, un hit mondial & 2 LP, & un peu plus tard le 1er album des angelins Electric Guest. Versant rock indé également, de quelques tracks pour The Rapture à son triplé de longs formats avec James Mercer sous l’alias Broken Bells, en passant par d’autres albums produits d’un bout à l’autre pour The Black Keys, Portugal. The Man, Parquet Courts ou The Good, The Bad & The Queen, le supagroup formé de Damon Albarn, Paul Simonon, Simon Tong & feu Tony Allen. Et enfin la pop, prise d’assaut sous tous les angles, folk & sortie de nulle part avec les disques de The Shortwave Set & Joker’s Daughter, sombre & magnifique avec l’album ultime d’une autre légende disparue, Mark Linkous & son band Sparklehorse, rétro-arty avec le Modern Guilt de Beck, trip-hop avec le 2nd album de l’ex-égérie de Tricky, Martina Topley-Bird, cinématographique avec l’album Rome qui réunit Daniele Luppi, Norah Jones & Jack White, scintillante avec Lux Prima, le fruit de sa rencontre avec Karen O, soul avec les 2 longs formats de Michael Kiwanuka…tout cela jusqu’à aller se frotter aux canons de la pop à dos rond, ce qui aura pu en surprendre ou décevoir plus d’un.e, avec des pièces pour Adele, U2 ou les Red Hot Chili Peppers dernière mouture. Soit, une œuvre globale dont la variété & la richesse impressionnent mais qui surtout ne comprend que de très rares faux pas en comparaison avec les enjambées majeures accomplies. Une œuvre dont le tout dernier fruit vient de tomber, un fruit savamment mûri qui marque donc le retour de Brian Burton à son premier amour, le hip-hop.
Une dizaine d’années que cet album était en gestation, évidemment pour cause d’agendas chargés du côté des 2 concernés, & l’attente n’a jamais vraiment suscité de quelconque peine puisque leur présence respective au sein de l’actualité, même si à différents degrés, a parsemé ces 10 dernières années. Mais même si nous n’étions donc pas en peine, le résultat, lui, est à la hauteur de toutes les attentes. Cheat Codes représente tout simplement la réunion de 2 artistes majeurs des 2 dernières décennies, qui sont ici tout bonnement à leur meilleur. Il n’y a pas un mauvais moment dans l’ensemble du disque. Un disque de hip-hop empli d’âme, une âme lo-fi de surcroît, qui se répand dans des tracks gorgées d’échantillons de soul, de sons analogiques aux résonances psyché, imprégnées de grain & de textures dans les arrangements des sons comme de la voix. Le timbre de Black Thought de The Roots donc, tant qu’à revenir au hip-hop autant le faire avec un des meilleurs, & cela additionné d’une brochette de convives classe A qui se passe le micro avec tout autant de brio (Run The Jewels, Raekwon, Michael Kiwanuka, Conway The Machine, A$AP Rocky, Kid Sister, Joey Badass, MF DOOM…). Pour la plupart des plumes que Danger Mouse a déjà croisé sur sa route & qu’il regroupe ici sur ses mélodies dont la signature est de plus en plus palpable, & cela peu importe le genre, on croise parfois des chemins qui ne sont pas sans nous rappeler certains déjà empruntés chez Broken Bells, Portugal. The Man ou les projets Rome & Lux Prima. Ce qui en fait d’ailleurs un disque de hip-hop qui peut autant concerner les puristes que les non-initiés, authentique & sans compromis tout en étant accessible & ouvert. Mais sa plus grande particularité réside encore dans le fait que c’est un disque qui ne s’inscrit dans aucune tendance ni aucune époque, hors-mode, hors-temps, hors-normes, un album de hip-hop brillant & intemporel, sculpté pour devenir éternel…
Pièces de choix : Cheat Codes / Aquamarine (ft. Michael Kiwanuka) / The Darkest Part (ft. Raekwon & Kid Sister) / No Gold Teeth / Belize (ft. MF DOOM)…
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\\ UTO – Touch the Lock [Pain Surprises + InFiné]
26.08.22
Sans même entrer de plain-pied au sein de son contenu, il y a d’emblée 2 choses inédites qui enrobent cette médaille d’argent 2022. Tout d’abord, c’est la première fois depuis l’ouverture de cette chronique en 2014 qu’un band français se place dans le trio de tête. Ensuite, cela est d’autant plus inédit que c’est un band qui alterne pièces en français & en anglais, ce qui demeure de mon point de vue un terrain glissant qui a rarement su embellir la moindre escapade, aussi aventureuse soit-elle. Sauf qu’ici, que nenni, l’exception est reine. Non seulement le duo fille-garçon parisien (Neysa Mae Barnett et Emile Larroche à l’état civil) peut se targuer de proposer un 1er album qui se situe sur le front, tant au niveau de l’inspiration que de la production, de ce qui se passe dans la chanson électro contemporaine du monde d’aujourd’hui, mais en plus, & c’est là toute la beauté de l’entreprise, leurs tracks interprétées en français font partie des points culminants de l’aventure. De leur univers sonique alternativement lascif & percussif évoluant au croisement de l’électro-psych-pop-trip-hop à leurs harmonies vocales aux multiples pistes complices qui pourraient parfois raviver en nous le fantôme de leurs consoeurs Mansfield.Tya désormais tues…la justesse, le décalage, le groove, l’émotion, dignement imprégnées & joliment véhiculées dans ce tout 1er LP, sont donc agrémentées ici & là de paroles chantées en français qui ne dénaturent jamais l’ensemble & au contraire même le magnifient. Ce qui de rebond en rebond peut nous amener à une étonnante déduction, UTO représente finalement une des réponses les plus pertinentes & inattendues à l’hégémonie anglophone qui règne dans le domaine des musiques hybrides d’aujourd’hui. Nous n’avons évidemment pas d’ennemi, mais nous savons désormais qui peut rivaliser…
Pièces de choix : This New Phase / À la Nage / Souvent Parfois / Délaisse
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\\ Lucrecia Dalt – ¡Ay! [RVNG]
14.10.22
Sans pour autant faire table rase du passé, ce 8ème album de l’artiste colombienne d’adoption berlinoise se place à part dans sa discographie, comme il se place finalement également à part dans le paysage de la chanson contemporaine, puisque c’est donc plutôt par là que s’effectue le virage de l’électronicienne. Les originelles atmosphères électroniques obscures & expérimentales restent présentes au loin, tapies dans le fond, mais sont occultées cette fois par une ribambelle de percussions, clarinette, flûte, trompette & contrebasse qui supplante le décor sur des rythmes latins en slow motion. Le ciel n’est plus complètement noir mais le soleil a encore du mal à percer. Lucrecia Dalt expliquait que pour la première fois elle s’était inspirée des musiques de son enfance vécue à Pereira en Colombie, notamment le son & le boléro. Passées au travers de son univers, elles nous emmènent finalement davantage au sein des fanfares bancales de Tom Waits dans ses grands moments, le temps des Rain Dogs & autres Frank’s Wild Years, justement quand Marc Ribot était dans le coin, lui qui se tournera vers les musiques latines versant oblique quelques années plus tard. De New-Orléans à Pereira il n’y a qu’un pas, & jamais nous aurions pu imaginer écrire cela en se penchant sur un disque de Lucrecia Dalt. C’est toute la magie de ce nouveau départ, réussir à convoquer Tom Waits, la chanson latine au féminin & les expérimentations électroniques en un seul & même mouvement, l’historique & le futuriste dans un seul & même disque. Ce n’est d’ailleurs peut-être qu’une escale pour Lucrecia Dalt dont chaque album ne ressemble jamais vraiment au précédent, même si nous pourrions souhaiter qu’elle reste justement là, à part, ailleurs, & qu’elle donne une suite à ce disque de chansons hybrides aussi magnifiques qu’uniques…
Pièces de choix : Atemporal / Enviada / Contenida / Dicen
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\\ El Michels Affair – Yeti Season [Big Crown Records]
26.03.21
Pour ce multi-instrumentiste new-yorkais qui tisse depuis toujours de jolis ponts faits main entre les différentes musiques de notre monde, de la soul au hip-hop en passant par le rock rétro & les musiques traditionnelles…pour ce 3ème album original sur lequel lui & les sien.ne.s viennent de trouver l’alliage parfait, un son à la couleur unique, subtile mais brute, en parfait équilibre entre le rétro & le moderne, entre l’occident & l’orient…pour ces chansons qui semblent n’avoir pas d’âge ni d’ancrage, prenant leur respiration au-delà des modes & courants, des chansons pleinement imprégnées d’intemporalité, mais pas pour autant immobiles, car voyageuses, parées pour nous accompagner tout au long de la route…
Pièces de choix : Unathi / Murkit Gem / Last Blast
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\\ Martina Topley-Bird – Forever I Wait [indépendant]
10.09.21
Pour cette demoiselle londonienne aussi discrète qu’indispensable, coutumière des allées venues entre l’ombre & la lumière, égérie devenue au fil du temps – & de ses désormais 4 albums – figure de proue d’un genre qui tend sans cesse à démontrer qu’il est bien plus que ce à quoi on voulait le cantonner dès son origine, le trip-hop est mort, vive la chanson de notre époque, mélodies éclairées baignées dans une forme sombre aux fondements électroniques…pour cette résurrection donc, qui s’opère autant dans la forme que dans le fond, puisqu’il aura fallu plus de 10 ans & de multiples remaniements pour que cet album voit le jour, la tragique disparition de son unique enfant pesant inévitablement sur l’ensemble du cheminement…une sorte de renaissance donc, pour son autrice comme pour son univers de prédilection, ce genre qui résiste au passé & qu’elle continue de joliment ressusciter pour y ancrer son timbre sensible & ses mélodies hantées…
Pièces de choix : Pure Heart / Wanted / Love
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\\ Sufjan Stevens & Angelo De Augustine – A Beginner’s Mind [Asthmatic Kitty Records]
24.09.21
Pour cet artiste majeur aux 23 années d’activité, productif touche à tout & feu follet intarissable, déjà responsable de quelques-uns des plus grands moments de la chanson de notre siècle…pour ce 14ème long format qui vient justement renouer avec certains de ces sommets passés, un disque collaboratif comme il les multiplie ces derniers temps, excepté qu’ici les 2 entités font bien davantage que se croiser, elles se fondent mutuellement pour ne faire plus qu’une, comme les voix de ses 2 interprètes, envoûtante volute vocale enveloppant les soyeuses mélodies intimes qui habitent ce disque…un de ceux à placer vers les hauteurs de ses respectifs auteurs…
Pièces de choix : Murder & Crime / Lost in the World / Olympus
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\\ Anjimile – Giver Taker [Father/Daughter Records]
18.09.20
C’est la grâce qui l’emporte cette année avec ce (faux) 1er album de chansons intimistes magnifiquement portées par le timbre blessé d’Anjimile Chithambo, auteur-compositeur-interprète de 27 ans né à Dallas de parents malawites & installé aujourd’hui à Boston.
Un 1er album qui n’en est finalement pas un (c’est en fait le résultat de quelques disques antérieurs parus le long des 6 dernières années), qui peut être perçu comme l’œuvre d’un unique artiste qui n’est en réalité pas seul (il a été conçu & réalisé à 6 mains, avec la chanteuse Justine Bowe & le producteur Gabe Goodman, notamment membres de Photocomfort). Mais tout compte fait, c’est bien de la manière dont il a été annoncé qu’il faut considérer ce disque, puisque non seulement c’est l’histoire d’Anjimile interprétée par Anjimile qui se déroule ici, mais c’est aussi le récit d’un point zéro, d’un nouveau commencement, d’une nouvelle vie à la sérénité enfin installée. Car même s’il est ici question de multiples luttes, de l’acceptation de la sobriété à l’acceptation de la disparition des êtres aimés en passant par l’acceptation de sa propre identité en tant que personne transsexuelle non-binaire, Anjimile n’est pas en guerre. C’est au contraire l’apaisement qui règne tout au long de ces soyeuses chansons folk agrémentées de légers arrangements dignes de l’époque, & dont la maturité impressionnante ressentie dès la 1ère écoute s’explique à la lumière des 6 années passées à les peaufiner, à leur trouver le plus parfait équilibre avec l’élément-clé de l’œuvre, la voix de son auteur-interprète, émouvante sans être pour autant torturée, lumineuse tout en restant blessée. L’ombre de Sufjan Stevens plane parfois ici ou là, au détour de quelques enivrantes mélodies chantées dont il est passé maître & qu’il aurait probablement tenté d’emmener plus loin, plus haut, & c’est entre autres là où la comparaison s’estompe, car ici les chansons veulent rester de petites choses, simples, fragiles. Giver Taker est un disque qui recèle de grandes chansons dont l’intimité sciemment préservée en confère toute la chaleur & la proximité. Un disque ami, poignant sans être glauque, profond tout en restant léger, beau d’un bout à l’autre…le baume à l’âme de l’année.
Pièces de choix : 1978 / Your Tree / Baby No More / Giver Taker
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\\ Quakers – II The Next Wave [Stones Throw Records]
13.11.20
Fait marquant de cette année principalement passée entre nos murs, rarement nous aurons vu autant d’artistes sortir 2 longs formats (& plus parfois) au courant des 10 derniers mois: Sault, Cindy Lee, Son Lux, Adrian Younge & Ali Shaheed Muhammad, Dueling Experts, Okay Kaya, Jay Electronica & j’en passe…Autre fait marquant, la quantité ne vient jamais altérer la qualité des différents projets (en tout cas des susnommés) & c‘est à la tête de cette lignée que vient s’inscrire le retour du supagroup mené par Geoff Barrow (Portishead, Beak) accompagné des producteurs 7-Stu-7 & Katalyst.
Huit ans que nous attendions une suite à leur justement acclamé 1er jet & rarement l’éculé « l’attente en valait la peine » aura pris autant de sens. Ils ont d’abord brisé le silence en septembre avec une beat tape digne d’un pavé dans la mare, 50 tracks & quasi autant de bons moments aussi courts qu’efficaces. On aurait presque pu s’arrêter là, même si l’exercice de la beat tape, aussi réussi soit-il, n’était pas forcément à la hauteur de l’attente après 8 années de silence. Mais ce n’était que l’échauffement, l’arbre qui cachait la montagne. Deux mois après arrivait l’autre pavé, le coup de grâce. 33 titres soutenus par 31 MC, & un déferlement de petites bombes empruntant moultes aspects différents de la foisonnante palette du genre. Samples gorgés de soul ou boucles aux accents électros, beats sombres ou plus enjoués, flow frontal ou plus ondulé, le menu est vaste & riche mais l’ensemble ne fait qu’un, savamment orchestré & mis au point par le trio de producteurs (davantage en formule duo cette fois-ci, Geoff Barrow se contentant uniquement de la production exécutive) qui réussit à intégrer la multitude & la variété de MC sans jamais compromettre la cohérence ni l’intégrité de leur projet. Guilty Simpson, Sampa The Great, Jeremiah Jae, Jeru The Damaja, Denmark Vessey ou encore Chester Watson, pour n’en citer que quelques un.e.s, se passent le micro tel un unique flambeau, le bâton d’une course de relais, chacun œuvrant pour faire briller l’ensemble, pour l’emmener le plus loin possible, jusqu’à la victoire : faire de II the Next Wave un grand disque de hip-hop, un classique d’aujourd’hui dont on se souviendra demain.
Pièces de choix : Morphine (ft. Bob Banner) / Approach with Caution (ft. Sampa The Great) / Test my Patience (ft. Jonwayne) / One of a Kind (ft. Guilty Simpson)
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\\ Run The Jewels – RTJ4 [indépendant]
03.06.20
Depuis la réunion de Killer Mike & El P sous l’alias Run The Jewels au printemps 2013, chaque parution du duo aura continuellement suscité un intérêt grandissant, chaque album aura à chaque fois un peu plus défrayé la chronique, partant des sphères plus spécialisées pour se répandre de plus en plus largement. Ce dernier long format n’échappe évidemment pas à la tendance & se retrouve dans la quasi-totalité des listes du meilleur de l’année, de Pitchfork à Stereogum en passant par Spin, Billboard ou Rolling Stone. Mais le plus remarquable dans cette ascension se trouve définitivement dans la cohérence inaltérable dont fait preuve le duo, celle-ci doublée d’une constance tout aussi inébranlable, que ce soit dans les formes ou dans le fond, ce qui fait de RTJ une entité des plus rares, & donc des plus précieuses, au sein des musiques populaires de notre époque.
Leur précédent long format, le bien nommé RTJ3, s’était mérité la médaille d’argent de notre meilleur de 2017 & je pourrais réécrire mot pour mot ce que j’avais rédigé à l’époque pour illustrer mon choix, chaque point est encore valable…pour l’engagement frontal & l’efficacité subtile, pour un hip-hop qui jamais ne s’essouffle & reste cohérent, pour Killer Mike & El P qui continuent de lier les actes aux paroles…chaque point reste plus que jamais d’actualité. Ils auraient probablement pu vendre des copies de leur RTJ4 en quantité phénoménale, ils ont continué de l’offrir gratuitement comme ils le font depuis le départ. Certes, la forme a tendance à se faire légèrement plus accessible, avec en tête de gondole le single Ooh La La, sa boucle de piano & son refrain catchy, autant capable de séduire un auditoire non-initié qu’il peut parler à un public averti, le titre est produit par DJ Premier & le fameux Ooh La La est tiré du morceau DWYCK de Gang Starr. Un public profane qu’ils vont d’ailleurs eux-mêmes chercher, quelques jours après sa sortie officielle le single servait de générique final au dernier épisode de la dernière saison d’Ozark, une des meilleures séries des dernières années qui n’a strictement rien à voir avec leur univers. Le tout accompagné d’un clip en mode party de fin du monde, dans lequel le peuple célèbre sa victoire sur l’ennemi capitaliste & le dieu argent. Dans ce même sens, retrouver Zack De La Rocha & Pharrell Williams sur le même titre pourrait également exprimer une certaine volonté de fédérer, pour mieux faire passer le message, car les formes s’éclaircissent peut-être mais le propos lui ne bouge pas. Il tend même à devenir plus sévère, plus urgent, en adéquation avec l’époque, l’heure n’est plus à la passivité, TU es plus que jamais concerné. Et ce qui est beau dans tout ça c’est que ça fonctionne à merveille, le public répond de plus en plus présent, RTJ devient à chaque fois un peu plus gros, un peu plus important, & réussit à faire rimer succès fédérateur avec engagement politique. Rare, précieux, & désormais de plus en plus nécessaire.
Pièces de choix : The Ground Below / Goonies vs E.T. / Ooh La La (ft. Greg Nice & DJ Premier) / Out of Sight (ft. 2 chainz)
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\\ DJ Shadow – Our Pathetic Age [Mass Appeal/Reconstruction Productions]
15.11.19
Cela aura été l’objet de quelques débats au sein de la communauté d’amatrices & amateurs de sons d’aujourd’hui dans laquelle je véhicule, mais au final le haut du podium de cette année est bel & bien occupé par le vétéran DJ Shadow & son 6ème album studio.
Alors certes, c’est un disque long, trop long (album double, 26 titres, plus d’une heure & demie…Kanye West aurait fait 4 disques bénis), & cela comprend quelques moments absolument dispensables, voire un passage ou deux carrément à oublier instantanément (tout cela majoritairement dans la 1ère partie de l’aventure). Mais une fois avoir passé au tamis ces 26 plages, il n’en reste pas moins une dizaine qui agencées ensemble pourrait former un seul LP qui se révèle finalement bien plus digne d’intérêt que la plupart des productions de l’année dans le domaine des beats, boucles & phrasés rappés.
Pas de révolution cependant ici, Shadow fait ce qu’il sait faire, continuant de puiser son inspiration entre ballades futuristes & hip-hop à l’ancienne, mais alors que les bons moments se trouvaient très distillés dans ses derniers jets, nous avons droit ici à un tir groupé de titres réjouissants, & ce principalement quand il convie anciens & nouveaux amis à éructer sur ses beats version typique…& la liste des convives est forcément à la hauteur de l’hôte(ur). On y retrouve des anciens bien portants : De La Soul, la paire Wu-mythique Ghostface & Raekwon avec Deck en cerise, 2 anciens camarades de Quannum, Gift Of Gab & Lateef, Nas & Pharoahe Monch / des plus récents avec pignon sur rue : Pusha T & Wiki / quelques noms plus sombres voir inconnus : Daemon, Rockwell Knuckles, Tef Poe (réunis sur la même tuerie) & celui qui est en passe d’obtenir sous peu le statut de poulain, le jeune londonien Barny Fletcher…
Tout ce beau monde se tisse à merveille sur les confections haute gamme de Shadow qui rhabille ainsi le hip-hop avec d’anciens oripeaux dont il est coutumier, mêlés à quelques nouvelles matières dignes du discret pionnier qu’il est. Le tout apportant à son sujet un nouvel éclat qui brille de tout son sens, aussi frontal que profond, lorgnant autant devant qu’il s’inspire d’avant. Il y a bien quelque chose de sage dans l’entreprise mais également, & surtout, quelque chose de libre, à l’écart des mouvements & modes, actuel mais hors-temps…& c’est en partie ce qui confère à Our Pathetic Age sa rareté dans le paysage hip-hop de 2019, & donc son importance.
Pièces de choix : Rocket Fuel (feat. De La Soul) / Drone Warfare (feat. Nas & Pharoahe Monch) / Rain On Snow (Feat. Ghostface Killah, Raekwon & Inspectah Deck) / Urgent, Important, Please Read (feat. Rockwell Knuckles, Tef Poe & Daemon)
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\\ Karen O & Danger Mouse – Lux Prima [BMG]
15.03.19
On aurait pu croire qu’à force d’en faire beaucoup, tout le temps, partout, les fruits de son labeur allaient perdre de sens & de saveur. C’est finalement bientôt l’inverse qui se sera passé cette année puisque Danger Mouse a signé un de ses plus beaux disques en carrière (voir même 2 puisqu’il cosigne également la production du très réussi dernier LP de Michael Kiwanuka, en 20ème position de notre classement).
Un projet prévu de longue date, maintes fois prolongé, probablement pour permettre à ses 2 auteurs de pleinement s’y plonger, & d’accoucher d’une oeuvre qui au final se glisse parmi les plus réussies du producteur-musicien, versant pop de l’aventure. La filiation au sein de la discographie multiple de Danger Mouse saute d’ailleurs aux tympans, ce dernier long format s’inscrit bel & bien dans une continuité déjà riche de jolis fruits collaboratifs, entamée avec le projet Joker’s Daughter passé inaperçu, magnifiée avec le beau & douloureux Dark Night Of The Soul concocté avec le regretté Mark Linkous, confirmée avec la belle bande originale du faux film Rome produite avec le compositeur italien Daniele Luppi. On retrouve ainsi dans ce nouveau projet réalisé en étroite collaboration avec le timbre féminin des Yeah Yeah Yeahs, Karen O, nombre d’accents déjà présents dans les précédents opus sus-nommés. Une façon de composer en passe de devenir la véritable identité de Brian Burton : une matière première qui s’inspire du passé baignée dans des arrangements à la pointe de l’époque & imprégnée d’un caractère cinématographique plus ou moins ample selon les projets. Un aspect de l’oeuvre de Danger Mouse qui est clairement marqué dans Lux Prima, mais sans jamais se perdre dans des méandres trop illustratifs, car ne s’éloignant jamais de son sujet, la chanson claire-obscure.
L’alliage cinématico-pop fonctionne donc ici parfaitement peu importe les voies qu’il emprunte, Danger Mouse est au meilleur de sa propre façon de créer des chansons, Karen O au meilleur de son inspiration…ce qui en résulte est donc forcément un peu grand, quasi constamment beau, & cherche clairement à se frayer un chemin vers ta discothèque éternelle.
Pièces de choix : Lux Prima / Ministry / Redeemer / Nox Lumina
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\\ Aldous Harding – Designer [4AD]
26.04.19
On pourrait être tenté de dire qu’Aldous Harding est définitivement une artiste à suivre de très près, mais ce n’est déjà plus le cas, elle est déjà passée à l’étape supérieure. Son précédent & sophomore album s’était amplement mérité la 4ème marche de notre podium de 2017, son nouveau gravit un nouvel échelon, sur notre podium annuel certes mais également dans sa façon de créer des chansons.
Même s’il s’agit néanmoins d’une continuité dans la jeune œuvre de la demoiselle néo-zélandaise, on pourrait presque parler de disque de la maturité, tant est présent d’abord l’impression de s’éloigner définitivement de l’air du temps, & ensuite le sentiment de pénétrer sans équivoque & encore plus profondément qu’auparavant dans le genre, la chanson folk, au sens classique. L’autrice-compositrice-interprète se jette ainsi corps & âme dans la cour des grand.e.s & elle s’y pose en toute aisance & sérénité, comme si elle avait toujours été là (même si cela fait quand même 2 albums qu’elle chauffe sa place). Survient alors la sensation d’un courant d’air frais, soyeux & léger qui traverse le genre, comme une fenêtre ouverte qui balaierait doucement la poussière sans toucher à l’essentiel, une fenêtre qui ne se referme plus tout au long des 9 pièces de Designer. Aldous Harding a beau se cacher derrière ses grimages & mimiques obliques, son œuvre parle pour elle, elle est bel & bien confortablement installée chez elle.
Pièces de choix : The Barrel / Fixture Picture / Designer / Pilot
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\\ Young Fathers – Cocoa Sugar [Ninja Tune]
09.03.18
Depuis leur 1ère mixtape parue en 2011, le trio d’Edinburgh n’a cessé de susciter un intérêt grandissant à chacune de ses apparitions, & ce 3ème long format représente un nouveau point culminant dans leur œuvre qui évolue déjà dans des sphères où très peu s’immiscent.
Pas un mauvais moment tout au long de ces 12 pistes déployées, l’atmosphère y est certes adoucie & la proposition moins frontale qu’auparavant, mais la légère éclaircie provoquée & l’accessibilité plus marquée qui en découle rendent l’ensemble encore plus dangereux, encore plus important. L’œuvre n’est pas ici devenue plus pop, l’œuvre est plutôt entrain de tranquillement s’accaparer la pop, de jouer un peu plus son jeu, pour mieux la pervertir. Car sous ces nouveaux accents, le trio continue de convoquer dans un même mouvement tout un pan des musiques pirates passées & éventuellement présentes, hip-hop, punk, soul, blues, gospel, tribal, industriel…intrinsèquement mêlées pour continuer de modeler une œuvre hybride unique qui s’érige naturellement comme un des plus pertinents rejetons de la bande-son de notre siècle.
Pièces de choix : Toy – Tremolo – Fee Fi
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\\ Cypress Hill – Elephants On Acid [BMG]
28.09.18
Genre en constante évolution qui continue de constituer un des terrains les plus favorables aux expérimentations & autres virages novateurs, le hip-hop n’en évite pas moins les écueils, se vautrant de temps à autre dans des trappes aussi évidentes que malveillantes, lui donnant du même coup un petit air d’essoufflement. Mais c’était sans compter sur sa base, ses fondations, dont les ressources semblent définitivement infinies. Car en cette année 2018, & à notre grande surprise, c’est le hip-hop à l’ancienne qui règne sur notre palmarès annuel avec 4 long formats dans le top 10, dont 2 sur le podium.
En tête, le retour du quatuor californien après 8 ans de silence, emmené par un immense Muggs à la barre, dont la productivité de ces 2 dernières années n’aura eu d’égal que la qualité des différents projets (de l’album avec Meyhem Lauren l’année passée à celui avec Roc Marciano plus récemment en passant par le dernier Souls Assassins), & c’est bien là qu’il faut chercher la recette de cette bombe old school mais jamais nostalgique. Muggs nous avait prévenus en cours de production, & le résultat est effectivement sombre & enfumé à souhait, avec notamment 2 titres où l’on retrouve un de nos sorciers de prédilection, Gonjasufi. Mais ce n’est évidemment pas que cela, c’est aussi un 9ème album de Cypress Hill, avec une rafale de petits hits en puissance funky & crados à la gloire de l’air pur & de la médecine douce. Cela fait longtemps que nous pensions les avoir perdus, B-Real, Sen Dogg, Eric Bobo & Muggs n’ont finalement jamais été aussi radieux depuis 2 décennies. Tout le monde n’a pas le même souffle.
Pièces de choix : Band Of Gypsies – Blood On My Hands Again (feat. Gonjasufi) – Oh Na Na
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\\ Marlowe – Marlowe [Mello Music]
13.07.18
Juste derrière se place un autre de nos producteurs fétiches dont l’on suit le moindre mouvement depuis les balbutiements, le discret, brillant & beaucoup trop méconnu, L’Orange, qui maintient son sprint de croisière avec un 8ème opus en 5 ans de carrière. C’est également son 4ème long format avec un collaborateur vocal présent tout du long, après Jeremiah Jae, Kool Keith & Mr. Lif, c’est à Solemn Brigham, MC de Caroline du Nord resté dans l’ombre, de mêler son timbre rappé à l’univers du producteur de Seattle. Le flow rond & léger du 1er coule & rebondit sur les beats qui craquèlent & les boucles d’or du 2nd, toujours joliment nourries aux films noirs & aux disques des origines, soul, jazz, blues… L’évidence règne & s’étend dans le moindre recoin de chaque pièce, comme si le couple avait toujours été fait pour se croiser. Après plusieurs unions à 2, sur de longues durées & toujours avec un certain succès, L’Orange passe ici à l’étape supérieure, celle du mariage réussi. Ne serait-ce parce que pour la 1ère fois de sa foisonnante carrière l’association des 2 noms s’efface derrière le nom unique du projet. Les 2 auteurs portent ainsi le même nom, celui d’un poète & dramaturge du 16ème siècle disparu d’une mort mystérieuse, violente & prématurée. Ça commence définitivement bien.
Pièces de choix : Palm Readers – Lost Arts – Honest Living
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\\ Chronique de show : Fever Ray – Plunge Tour 2018
12.08.18
C’était la 3ème étape d’une tournée mondiale de 6 mois pour la suédoise Karin Dreijer Andersson & les siennes qui ne s’étaient pas produites en Amérique du Nord depuis 8 ans, & on aurait eu tort de passer notre tour.
Car Fever Ray en live c’est une oeuvre d’art vivante qui dépasse l’expérience d’un show classique. Cirque obscur, freak & queer, aussi sarcastique que sensuel, aussi festif qu’engagé, aussi électronique que tribal…déroulé en un seul jet, sans temps mort, à peine quelques remerciements susurrés, pour ne jamais compromettre le rythme & l’intensité de cette cérémonie captivante & déjantée…un spectacle, un vrai, & de surcroît monumental.
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\\ Perera Elsewhere – All Of This [Friends Of Friends]
02.06.17
Pour le sombre & le sensuel…pour les fantômes de la soul & du folk qui s’accouplent dans les vapeurs d’une électro en slow motion…pour cette demoiselle venue d’ailleurs qui s’érige en une des plus belles incarnations de la chanson du XXIème siècle…
Pièces de choix : Happened – All of This – Weary
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\\ Run The Jewels – RTJ 3 [indépendant]
24.12.16
Pour l’engagement frontal & l’efficacité subtile…pour un hip-hop qui jamais ne s’essouffle & reste cohérent…pour Killer Mike & El P qui continuent de lier les actes aux paroles…
Pièces de choix : Down – 2100 – Oh Mama
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\\ Chelsea Wolfe – Hiss Spun [Sargent House]
22.09.17
Pour l’intensité & la fragilité…pour la puissance qui porte des mélodies de chant hanté enivrantes & vulnérables…pour cette demoiselle californienne qui préfère la lune au soleil…
Pièces de choix : Offering – Particle Flux – 16 Psyche
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\\ Aldous Harding – Party [4AD]
19.05.17
Pour le sucré (joliment) salé…pour la finesse de ce qui est saupoudré sur des chansons pop qui réussissent à se démarquer…pour cette jeune néo-zélandaise qui s’amuse à se décaler…
Pièces de choix : Blend – Imagining My Man – Horizon
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\\ Peaking Lights – The Fifth State of Consciousness [Two Flowers]
06.20.17
Pour le dub…pour son retour au centre d’expérimentations pop dignes de notre époque…pour ce couple à la ville comme en studio qui vient de raviver à leur manière psyché cet ancêtre que l’on aimerait moins éloigné…
Pièces de choix : Coyote Ghost Melodies – Eclipse of the Heart – Sweetness Isn’t Far Away
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\\ Chronique de show : Kid Koala – Satellite Concert « Come Play in our Turntable Orchestra ! »
02.02.17
Pour celles & ceux qui ne sont pas encore au courant, un show de Kid Koala est toujours un évènement. Il a pris la merveilleuse habitude de repousser les limites du concert traditionnel. Nous l’avions loupé l’année dernière avec son conte musical & son petit robot, cette année il revenait avec la tournée de son dernier LP en collaboration avec la chanteuse islandaise Emiliana Torrini.
Or, comme il le dit lui-même, les chansons de ce dernier étant d’une lenteur implacable qu’il s’est demandé comment en monter un spectacle qui ne sera pas d’un ennui mortel pour les spectateurs, & l’idée retenue est aussi ludique qu’inédite.
Kid Koala vous reçoit dans une petite salle, puisque c’est un concert aux places limitées (environ 80 personnes), on vous installe devant des petites tables avec en face de vous une platine vinyle construite pour l’occasion & une poignée de 45 tours avec des codes couleurs, c’est ça l’idée, Kid Koala vous propose de jouer aux vinyles avec lui. En amont un chef d’orchestre vous montre comment les interactions se passeront, à quel moment jouer quel disque (d’où les codes couleurs), à quel mouvement de ses bras correspond telle action (scratches, vitesses, simples lectures etc…). & c’est parti…
Kid Koala mène le show de son humour légendaire, entouré de tous ses jouets musicaux & instruments électroniques vintages, il partage la scène avec une demoiselle spécialisée dans les réactions chimiques aux multiples couleurs & formes spatiales, faites en direct sur une grande table de verre ronde & rotative & retransmises sur 2 grands écrans derrière eux, & enfin sur le côté à droite se situe le chef d’orchestre. Emiliana Torrini n’est pas là mais le Kid joue ses parties chantées qu’il a préalablement enregistrées sur des cartes magnétiques qu’il fait passer manuellement dans un lecteur semblant sortir tout droit de la guerre froide, juste un autre de ses nombreux moments aussi surprenants qu’amusants, ce qui seront les deux leitmotivs de ce show participatif exceptionnel.
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\\ Chronique de show : Prophets Of Rage – Make America Rage Again Tour
24.08.16
Malgré une salle dont l’immensité & la qualité de l’insonorisation ne font pas forcément honneur à la matière sonore qui y est déployée, le show de cette historique réunion reste mémorable, ne serait-ce évidemment que pour voir sur les mêmes planches les légendes que sont Chuck D, B-Real & Rage Against The Machine, & le mot grandiose suffit à peine pour qualifier ce que nous aurons vécu ce soir là. De l’ouverture de DJ Lord qui mixe entre eux les classiques du hip-hop engagé et/ou festif, au final emmené par un Killing In The Name survolté, éructé par plus de 20 000 personnes les poings levés, en passant par l’apparition de l’immense toile ornant leur slogan modifié pour l’occasion, le fameux Make Canada Rage Again suivi du wouah instantané de 20 000 voix à l’unisson. Ce n’est peut-être pas encore la révolution, même si cela pourrait aisément en être la bande son, mais en attendant c’est l’invitation à une infaillible avalanche de frissons.
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\\ The Avalanches – Wildflower [Modular]
08.07.16
Le haut de notre podium revient cette année au disque que nous aurons probablement attendu le plus longtemps depuis que nous sommes en âge d’être patients, & il ne squatte évidemment pas la 1ère place pour cette seule raison, mais bien parce que le résultat fût à la hauteur de l’attente.
Seize ans se sont écoulés depuis le précédent album des australiens, & cela fait une bonne dizaine d’années qu’ils ont annoncé se pencher sur une suite à leur acclamé 1er album, une attente qu’ils ont su entretenir à coups de teasers plus alléchants les uns que les autres, sans que l’on sache jamais vraiment si on devait y croire ou pas, surtout quand c’est via la voix des soi-disant futurs invités du disque qu’ils faisaient passer leur message promotionnel, faisant à chaque fois grandir le fantasme d’une telle réunion & instaurant dans un même temps de sérieux doutes quant à la véracité du message, puisque cela allait être trop beau pour être vrai, & puisque rien ne finissait jamais par sortir, jusqu’au jour où…
Jusqu’à ce 1er juillet 2016 où le disque apparaissait enfin, & le (désormais) duo n’a jamais aussi bien porté son nom, des avalanches dans tous les sens du terme : avalanche de titres (21), avalanche d’idées & de samples (leur marque de fabrique), avalanche d’invités de tout horizon (à l’image de leur son), & le tout guidé par un 1er single éclaireur aux allures de hit estival par excellence, porté par les flows de 2 des rappeurs les plus captivants des dernières années, Danny Brown & MF Doom.
En matière de retour, on n’est pas loin du sans faute, & le reste de l’album suit, sans créer de véritables surprises mais en confirmant haut & fort tout le bien que l’on pensait déjà de leur façon de s’exprimer. On retrouve d’ailleurs dans cet album 2 axes qu’ils avaient explorés respectivement dans leur 1er EP & ensuite dans leur 1er album, mais cette fois-ci dans un seul mouvement. On retrouve ce son typique qui avait fait le succès de leur précédent album, le foisonnement de samples tous azimuts, de la flûte de pan à la chorale d’enfants en passant par nombre d’extraits sonores divers, le tout toujours emmené par une basse funky & des beats hip-hop ou électro. Mais alors que leur 1er album ne laissait aucune place aux parties vocales, à l’opposé de leur 1er EP dont la plupart des titres étaient ornés d’une voix en chair & en os, on retrouve dans ce nouvel album une forte présence de timbres vocaux, & la liste des convives à passer derrière le micro est à tomber, ajoutant encore de l’exceptionnel à un menu déjà amplement riche.
S’il faut encore attendre longtemps avant de voir une suite à Wildflower, on veut bien attendre à leurs côtés, à contre courant du rythme du reste du monde, puisque l’on sait désormais que notre attente sera récompensée.
Pièces de choix : Frankie Sinatra – Because I’m Me – The Noisy Eater
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\\ A Tribe Called Quest – We Got It From Here…Thank You 4 Your Service [Epic]
11.11.16
Ce fût l’autre grand retour de l’année, inattendu celui-ci & malheureusement en partie posthume.
Depuis leur séparation en 1998, nous savions pourtant qu’un nouvel album d’ATCQ était plus ou moins en route. Nous savions qu’ils étaient liés à Jive Records par un contrat qui stipulait la publication d’un 6ème album, puis nous les avons vus se réunir à plusieurs reprises dans les années 2000 à l’occasion de diverses représentations live, & enfin nous avions appris qu’ils auraient apparemment repris le chemin des studios à la suite des attentats de Paris en novembre 2015. Malgré tout cela, le silence qui perdurait autour de cet éventuel dernier disque avait fini par nous laisser croire que les embrouilles internes avaient peut-être définitivement enterré l’espoir de voir un jour apparaître du nouveau matériel. La triste disparition de leur membre fondateur, Phife Dawg, le 22 mars dernier, apportait le coup de grâce. ATCQ n’est plus.
C’était sans compter sur Q-Tip, qui aura donc été le générateur discret de cet ultime album du collectif, allant jusqu’à créditer les productions de ce dernier au nom d’ATCQ alors qu’il en aura été le principal maître d’œuvre. Et le résultat est une réussite totale.
Réussite totale car il aura réussi à éviter l’écueil du disque ultime de groupe de hip-hop old school qui continue de faire du hip-hop old school comme si l’histoire était restée figée. Rien ici ne résonne nostalgique ou ne lorgne vers l’ancien, bien au contraire, l’ensemble des productions se situe bel & bien sur le devant des musiques urbaines de notre époque, & ce, sans jamais dénaturer le style ATCQ. On y retrouve nombres d’éléments qui ont façonné leur son, baignés ici dans des arrangements dignes de l’air du temps, illustrant brillamment des propos qui le sont par ailleurs tout autant. Le tout orné de ces flows légendaires (& de ceux de bon nombre d’invités 5 étoiles) qui semblent ici au meilleur de leur forme, 18 ans après leur dernier effort collectif, définitivement au-delà du temps, hors du temps…éternels.
Pièces de choix : We The People – The Space Program – Black Spasmodic
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\\ Danny Brown – Atrocity Exhibition [Warp]
30.09.16
La médaille de bronze revient au disque qui aura suscité ici la plus grosse surprise de l’année, le dernier jet du MC de Detroit, Danny Brown.
Un disque qui pourrait prouver, pour ceux qui n’y croient plus vraiment, que le hip-hop reste un genre propice aux expérimentations & autres innovations, un terrain à l’avant-garde, sur lequel Danny Brown vient de s’installer sur le front. D’autant plus que ce n’est évidemment pas en s’y asseyant tranquillement, mais bien en y semant un tumulte jouissif, provoqué par une série de petites bombes soniques confectionnées avec le 2ème homme du disque, Paul White. Car la plus belle idée en amont de ce 4ème album aura été de confier la quasi-totalité des titres aux soins du producteur britannique (qui aura juste mis au monde 2 brûlots cette année, le 2nd étant le fruit de sa collaboration avec Open Mike Eagle, Hella Personal Film Festival – en 13ème position sur notre échelle du plus meilleur de 2016). Même si les autres participations ponctuelles sont de haut niveau & résultent d’excellents morceaux (notamment Petite Noir & ses accents new-wave, Playa Haze & sa promenade old school, The Alchemist & son hip-hop oblique), c’est surtout là que la folie opère, quand les 2 se retrouvent en tête à tête, de préférence avec rien autour, pour que rien ne les empêche de se mettre en danger. Les productions de Paul White sont ici des lieux accidentés, des terrains glissants sur lesquels on imagine difficilement bon nombre de rappeurs se risquer, alors que le flow teigneux de Danny Brown rebondit ici dans tous les coins, à l’aise comme jamais, comme chez lui. À suivre le personnage depuis un moment, on imaginait déjà aisément que le tumulte devait être son ami, on se rend compte finalement que c’est plus que ça, c’est son moteur, à explosion(s).
Pièces de choix : Ain’t It Funny – Dance In The Water – Golddust
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\\ Clarence Clarity – No Now [Bella Union]
02.03.15
Si nous devions n’en retenir qu’un, qu’un seul bon disque parmi les quelques dizaines qui nous ont enchantés cette année, peut-être serait-ce la découverte du 1er album du londonien Clarence Clarity.
Un disque riche, long (20 titres pour plus d’une heure), intense & explosif, qui part dans tous les sens, brille de nombreux feux, tout en restant scotché à l’univers & à la personnalité de son auteur, & sans jamais perdre de vue son fil conducteur, le funk. Un funk hybride, moderne, foutraque & débraillé, dont la filiation pourrait se situer du côté d’un autre de nos disques de chevet paru lui en 2013, l’unique album du regretté The Child Of Lov (disparu quelques mois après la sortie de son disque des suites d’une maladie qui le suivait depuis tout petit). Hormis leurs teints blafards & leurs silhouettes fines, les 2 hommes ont en commun ce goût pour le décloisonnement & l’expérimentation tout en ne s’éloignant jamais d’un cadre pop dans lequel la mélodie est toujours privilégiée, brandie comme 1er vecteur de la destination proposée : la chanson de demain, lo-fi & high tech, sale & sexy, mêlée & funky.
Morceaux choisis : Buck Toothed Particle Smashers (feat. Kill J) – Those Who Can’t Cheat
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\\ BADBADNOTGOOD & Ghostface Killah – Sour Soul [Lex]
19.02.15
Le 2ème homme de 2015 fût moins discret, il aura même été on ne peut plus présent cette année mais surtout, malgré l’enchaînement, il n’aura jamais été décevant, bien au contraire.
Un constat d’autant plus sensible que l’imposant MC vient d’un collectif mythique qui ne fournit plus grand-chose de conséquent depuis un bon moment, embourbé dans les embrouilles d’égos, dénigré par les concerts bâclés, jamais sauvé par un disque qui nous ferait tout oublier, & encore moins par leurs fausses bonnes idées, dont le point culminant se trouve dans la récente actualité, l’acquisition au prix de 2 millions de dollars de leur album unique par un ponte de l’industrie pharmaceutique des plus détestables qui soient.
Certes, le Wu-Tang est probablement mort, mais Ghostface Killah en est son plus brillant rescapé. Et cela n’est sûrement pas prêt de s’arrêter si on se fie aux prémisses entendues de projets en devenir, dont le plus alléchant (& le plus long à venir) s’est vu doté d’un nouveau single-éclaireur cette année, la collaboration en format long avec un autre imposant MC, dans la forme comme dans le fond, DOOM. Parallèlement, & en plus de tourner aux 4 coins de la planète en son nom ou avec le Wu-Tang, Ghostface aura sorti 2 disques majeurs cette année. Le fabuleux 2nd volume de ses aventures avec le producteur & multi-instrumentiste Adrian Younge & le fruit de sa surprenante collaboration avec le talentueux trio/quartet jazz canadien, BADBADNOTGOOD. Un opus qui vient couronner la volonté de retour aux sources dont fait preuve Ghostface ces récentes années. Le retour à un son live, brut, joué. L’inspiration n’y est jamais très éloignée de l’aventure entamée il y a 2 ans avec Adrian Younge mais dans une version encore plus roots, plus sobre & épurée, gérée de mains de maîtres par le jeune band canadien qui déroule ici une soul rétro qui sert à merveille le flow incisif du MC. Et à Ghostface de leur rendre ce qui leur revient, & de le faire bien, assénant à plusieurs reprises lors de ses concerts en leur compagnie (par ailleurs un de mes meilleurs moments de l’année) : « these guys are the future ». Et là-dessus aussi, nous pouvons être d’accord avec lui.
Morceaux choisis : Mind Playing Tricks – Ray Gun (feat. DOOM)
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\\ Young Fathers – White Men Are Black Men Too [Big Dada]
03.04.15
Dans la catégorie “confirmation de l’année”, la palme se verrait décernée au 2nd album du trio écossais Young Fathers, qui avait empoché le Mercury Prize l’an passé avec leur 1er long & qui enfonce ici encore un peu plus loin le bouchon.
Young Fathers reste ancré sur sa position, toujours installé au carrefour des genres & des influences, toujours sous un ciel de plomb, mais il se drape là d’une nouvelle dimension. A leur mix déjà détonant d’électro, de punk, de hip-hop, de soul, de blues & de gospel, les écossais ont injecté un aspect transe encore plus marqué que dans leur précédent LP. Une transe qui n’est pas ici portée par un tourbillon d’effets électro mais à l’inverse, par des boucles de percussions lo-fi & tribales omniprésentes. Elles étaient déjà là auparavant, sous-jacentes, mais désormais elles mènent la danse, aussi glacée soit-elle. Une présence constante qui, ajoutée à leurs parties vocales déjà empreintes de ce même mouvement, vient renforcer un sentiment d’oppression déjà bien palpable. Sentiment qui vient contraster avec les quelques élans lumineux qu’ils semblent avoir voulus insuffler dans ce 2nd jet & qui emmène leur univers fusionnel déjà à part encore ailleurs, encore plus loin. A tel point que Young Fathers réinvente encore ici la musique urbaine d’aujourd’hui. Ils viennent même peut-être de mettre au monde un des 1ers disques de world music de nos villes.
Morceaux choisis : Shame – Old Rock’n Roll
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\\ Alt-J – This Is All Yours [Infectious]
22.09.14
Presque une évidence pour celles & ceux d’entre vous qui sont à l’écoute de L’Âme Hi/Fi…la 1ère place revient au fort attendu 2nd opus du collectif anglais Alt-J, qui comme son prédécesseur continue de repousser les limites de la chanson pop d’aujourd’hui, mais en en proposant encore une fois une nouvelle alternative, moins électronique mais toujours sophistiquée, moins accessible & encore plus étoffée…ce nouvel album passe haut la main la délicate étape de l’après chef d’œuvre, il prolonge le précédent & en même temps surprend, ouvre sur de nouvelles perspectives qui donnent simplement envie d’en écouter déjà la suite, écouter jusqu’où ces multi-activistes pop vont aller…l’avenir chez Alt-J donne envie…
Morceaux choisis : Nara, Bloodflood Pt.II
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\\ Got A Girl – I Love You But I Must Drive Off This Cliff Now [Bulk]
10.06.14
Le dernier projet d’un des producteurs les plus déterminants de notre temps en matière de musique hybride…de ses débuts hip-hop en 96 sous le nom Dr. Octagon avec Kool Keith jusqu’au trio Deltron 3030 avec Del The Funky Homosapien & Kid Koala, en passant par son duo avec Prince Paul, Handsome Boy Modeling School, ou son projet de chansons faussement rétros, Lovage, avec notamment Mike Patton, ou encore, pour finir cette liste non-exhaustive, la production avec Damon Albarn du fameux 1er album de Gorillaz…c’est le retour de Dan The Automator…sous forme de duo puisqu’accompagné d’une chanteuse surprise, Mary Elisabeth Winstead, jeune comédienne tout ce qu’il y a de plus hollywoodienne que vous avez probablement déjà croisée (notamment dans Death Proof de Tarantino). Une collaboration surprenante pour un résultat qui l’est tout autant…un recueil de chansons simples & sobres, à la fois contemporaines & rétro, qui déroulent le récit de nos modernes mélancolies dans un élégant écrin sixties…avec ce sentiment constamment présent que ce 1er album de Got A Girl a toujours existé…
Morceaux choisis : I’ll Never Hold You Back, Everywhere I Go
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\\ The Roots – & Then You Shoot Your Cousin [Def Jam]
19.05.14
11ème album de la clique de Questlove & Black Thought qui revient avec une nouvelle réussite totale, comme à chaque nouveau long format que le band de Philadelphie réalise. Un des rares groupes à assurer depuis ses débuts une réelle constance dans l’excellence, tout en continuant d’évoluer en permanence, en continuant de faire se dévier les lignes des genres, jazz, funk, soul, rock, classique & évidemment hip-hop. Ainsi, The Roots a désormais largement dépassé le statut de band de « hip-hop à instruments » authentique & respecté…c’est devenu un des plus emblématiques auteurs de chansons hybrides de notre époque…
Morceaux choisis : Never (feat. Patty Crash), Understand (feat. Dice Raw)
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\\ Cascadeur – Ghost Surfer [Decca]
01.01.13
Comme tout bon cascadeur, ce discret français a dû concevoir son nouveau numéro avec la volonté d’aller plus loin que ce qu’il avait déjà réussi précédemment, avec le besoin de monter d’un cran…& finalement c’est encore au-delà que se situe ce 2nd opus de Cascadeur, en tout cas au-delà du niveau global de la production discographique hexagonale.
Toujours dissimulé sous son casque, un casque moins doré que ceux de ses 2 compatriotes multi-platinés, mais qui s’avère définitivement plus lumineux, & d’autant plus sensible, Alexandre Longo a sublimé les espoirs portés par son 1er jet en signant ici un petit chef d’œuvre long de 16 titres, dont quelques-uns soutenus par quelques prestigieux invités (de la pièce de musée Christophe aux chœurs de Midlake en passant par une chanteuse soprano, un DJ & quelques brillants échappés de la sphère jazz). Un disque grandiose mais intime, ouvert mais fragile…& qui recèle en son sein une des plus belles pièces de l’année (malgré qu’elle soit initialement parue sur son précédent EP quelques mois plus tôt)…
S’il ne devait en rester qu’une ?…peut-être serait-ce la mélancolie de haute volée de The Crossing, ses intenses envolées orchestrées & l’apparition finale du timbre blessé du leader de Tindersticks, Stuart A. Staples…splendide…
Morceaux choisis : The Crossing (feat. Stuart A. Staples), Ghost Surfer (feat. DJ Pfel)
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\\ L’Orange – The Orchid Days [Mello Music]
08.04.14
C’est en Caroline du Nord que prend sa source un des plus beaux affluents d’un hip-hop sombre exclusivement nourri aux vieux samples de jazz & de soul qui dégoulinent, dont nous pourrions par exemple décerner à RZA l’honneur d’en avoir été un des investigateurs, ou en tout cas (fut un temps) son meilleur ambassadeur. Cela nous vient d’un mystérieux producteur au doux nom de fruit en français dans le texte & aux vidéos qui cultivent le mystère à souhait…L’Orange a sorti cette année son 4ème LP (& dans la même veine un nouvel EP plus récemment)…il s’y déverse un foisonnement de petites pièces concises imprégnées de samples dignes de ce nom (on pense aussi parfois aux fameux débuts de RJD2) sans cesse baladées entre ritournelles instrumentales & rap sale (on y retrouve entre autres les rappeurs Blu, Homeboy Sandman & Billy Woods), entre légèreté swing & obscurité lo-fi…avec en fil rouge la note préférée de ce joueur de vinyles…le craquement du saphir sur la cire…
Morceaux choisis : The End (feat. Billy Woods), Need You (feat. Blu)